Ils sont là ??!! Qui ça ??? Ben les Suisses pardi ! Du 12 au 22 novembre 2019, les auditeurs du groupe sont en France pour un nouvel audit TCA. Personne ne peut l’ignorer, tout le monde a eu droit à un rappel complet à chaque réunion d’équipe depuis septembre. Il faut dire qu’avec les résultats du dernier audit, ça claque des fesses dans la hiérarchie et jusqu’au siège. On les sent moins fiers tout à coup au 6eme étage de Vélizy !
En 2018, carton rouge !
Les directeurs ne s’en vantent pas beaucoup, mais le dernier audit ne s’était pas vraiment bien passé. La note finale, malgré les prières et les réclamations de Schindler France, avait été un carton rouge. Le PDG d’alors, M. Lhoutellier, avait été prié de se diriger vers la sortie. Avant son départ, les élus de la CGT avaient pu l’interpeler en CCE pour mieux comprendre le fonctionnement de cet audit qui fait peur aux directeurs.
Lors de la réunion du CCE du 29 juin 2018 (lire le compte-rendu du CCE ICI), le PDG avait rappelé que les règles antérieures avaient évolué, ce à quoi Schindler France n’était pas préparé. Par exemple, les auditeurs ne discutent plus pour trouver des nuances : c’est bon ou c’est pas bon, point ! Et surtout, ils arrêtent d'aller vérifier les installations figurant sur la liste communiquée avant leur arrivée. Ils se sont rendu compte que dans les 15 jours avant l’audit, il y avait un nombre important d’interventions par des AT, des retrofiteurs, des CPSI, des techniciens… Les ascenseurs étaient passés au peigne fin. Malgré tout, on ne décrochait pas un vert… Mais c’est une autre histoire.
Auditeurs, venez plus souvent !
Ce qui est formidable avec cet audit TCO/TCA, c’est la facilité avec laquelle, tout à coup, on peut obtenir de l’outillage et des EPI. Dans beaucoup d’agences, en temps normal, il n’y a même pas de gants électriques de réserve (et ceux qui restent sont souvent périmés). L’audit approche ? Les gants sont livrés par coursier. Les chaussures de sécurité sont abîmées et ça fait plusieurs fois que le salarié demande une nouvelle paire. L’audit approche? Le chef est envoyé par le directeur d’agence en acheter dans la matinée et si elles ne conviennent pas, il part direct les échanger. Le technicien est un peu « léger » ? On lui demande en douce de prendre une semaine de congé, maladie ou autre chose, peu importe tant que les auditeurs ne risquent pas de tomber dessus. Avec Management de l’Efficience de la Maintenance, les temps de maintenance ont été réduits et sont surveillés ? Pendant l’audit, le chronomètre ne compte plus, le technicien peut prendre tout le temps qui lui est nécessaire. Une S2 en audit ? C’est pas loin de 6 heures !
Vous pensez qu’on abuse ? C’est que vous n’avez pas vu l’ambiance survoltée à l’agence de Pantin (Grand Paris Nord) le mercredi 13 novembre dernier. Tous les techniciens avaient été convoqués, et plusieurs cadres très zélés avaient été mandatés sur place. Au menu : en entrée, contrôle de la présence des EPI et inspection de toutes les voitures. Il fallait voir les collègues vider leurs coffres sur le trottoir, avec le petit chef à côté en train de cocher les cases. Et après ça, petit rafraîchissement. Une boisson ? Pas du tout ! « Refresh solenoïd brake system », tout le monde rebriefé à toute vitesse. Après tout pourquoi pas ? Mais pourquoi seulement quand les auditeurs du groupe approchent ?
Un audit pour quoi faire ?
C’est quand même la vraie question. Le groupe a mis en œuvre cette politique de contrôle de la qualité du travail et de respect des méthodes, mais à quoi ça sert finalement ? Toutes les entreprises ont mis en place de telles procédures. Cela leur permet d'échapper aux responsabilités qui sont pourtant les leurs, notamment en matière de sécurité au travail. Ce respect de procédures n'a rien à voir avec des organisations de travail, des moyens humains et matériels nécessaires à un travail de qualité, en toute sécurité, pour les salariéEs et les usagerEs. D'ailleurs, est-ce que depuis le carton rouge de 2018, les choses se sont améliorées ? Pas du tout ! La direction de Schindler France a-t-elle pris conscience des problèmes et surtout apporté des solutions ? Encore moins. Pourtant, cet audit était bien une alerte sur ce qui n’allait pas. Et quelques mois plus tard, nous avons deux collègues qui sont morts en intervention, sans que la direction encore une fois ne se remette en cause. Et malgré la grande messe du NOT ONE MORE, son message se résume à : « c’est de leur faute ».
Nous ne pouvons pas rester dans cette situation où les salariés sont toujours coupables des erreurs et des manquements de l’organisation du travail. À nous d’imposer de nouvelles règles bien plus sécurisantes pour nos vies et celles des usagers. Bien faire son travail, c’est prendre le temps nécessaire pour le réaliser. C’est d’avoir les outils adaptés. C’est comprendre le pourquoi et le comment des ordres de travail. C’est repartir d’une installation ou quitter le bureau, serein, satisfait du travail accompli.