Pourquoi la CGT ne signe pas les accords d’intéressement ?

L’intéressement n’intéresse que le patron pour plus de profits !

La direction de l’entreprise est clairement entrée en campagne électorale. Le vendredi 28 juin, un message électronique a été adressé à tous les salariés annonçant la fin des négociations sur l’intéressement et l’absence de signature majoritaire. Elle s’est donc empressée de louer les efforts du seul syndicat signataire et de montrer du doigt les mauvais syndicats, CGT et FO. 

Des explications s’imposent pour permettre un véritable débat et construire le rapport de forces pour obliger la direction à verser une prime de remplacement.

Schindler voudrait récompenser ses salariés ???

Pour nous vendre sa soupe, la direction prend des accents d’égalitarisme et de justice sociale pour justifier la suppression de la part locale parce que certains salariés percevaient 230 euros et d’autres 5 000 euros.
Mais dans le même temps, la même direction supprime les augmentations générales pour tout miser sur les augmentations à la gueule du client. 

Schindler veut plus d’égalité ? Banco ! La CGT y est entièrement favorable. Revenons donc sur les NAO 2019 en mettant en place une augmentation générale à la place de l’individuelle. Favorisons le collectif plutôt que l’individualisme et la concurrence entre les salariés.

Elle est où la prime Macron ?

Quand on lit les déclarations de la direction, on a l’impression qu’elle n’attend qu’une seule chose : pouvoir récompenser les efforts des salariés. Pourquoi ne pas avoir versé 1000 € à tous les salariés en début d’année ? Pourquoi ne même pas avoir essayé ? Pour rappel, lorsque la CGT a interpelé la direction à ce sujet, elle a seulement répondu que le versement de cette prime n’était pas une obligation.

Pourquoi la direction tient tant à l’intéressement ?

Comme nous venons de le montrer, si la direction veut vraiment récompenser et intéresser les salariés, elle peut le faire facilement. Alors pourquoi tant de larmes de crocodile ? Parce que ce projet d’accord est un piège, comme tous les accords d’intéressement.

La direction le précise dans son préambule : « Ainsi, si les conditions requises par le présent accord ne sont pas satisfaites, l’intéressement peut être nul. » 
Pour obtenir quelque chose, il va donc falloir s’arracher et faire encore plus d’efforts. D’ailleurs, lors des négociations, cette question a été soulevée et la direction l’a souligné : les salariés doivent changer de comportement, dans la droite ligne d’Agil, le nouveau programme de rentabilité de la direction. L’objectif est d’améliorer le Résultat de Management (RM).

Qu’est-ce que le Résultat Management ?

Pour reprendre le courriel de la direction sur le seuil de déclenchement :
•    Si le résultat Management (RM) est supérieur à 7% en 2019, alors 5,5% du RM serait redistribué aux salariés
•    Si le résultat Management est supérieur à 9% en 2020 alors 5,5% du RM serait redistribué aux salariés
•    Si le résultat Management est supérieur à 10 % en 2021 alors 5,5% du RM serait redistribué aux salariés
Par Résultat de Management (RM), il faut entendre la différence entre le montant de la Production telle que définie ci-dessous et le montant total des coûts enregistrés pour la réaliser hors frais financiers, redevances au Groupe et impôts sur les bénéfices, conformément à la norme du groupe 0.02.600. 

Plus, encore plus, toujours plus… pour l’entreprise.

En clair, il faut produire le plus possible avec le moins de moyens possibles : des salaires pas trop haut (sauf pour la direction bien entendu…), pas trop de pièces détachées, pas trop d’outils, pas trop de fournitures de bureau, pas trop de primes, pas trop d’accident du travail déclarés … 
C’est l’explication du « taux matière » par exemple, qui rentre dans ce calcul : vers la fin de l’année, il devient impossible de commander du matériel, parce qu’il ne faut pas dégrader le taux matière.

Les accords d’intéressement, c’est toujours travailler plus pour un résultat hypothétique. Et finalement, pour quelques centaines d’euros, nous nous retrouvons à dégrader nous-mêmes nos propres conditions de travail. 

Pour garantir l’intéressement, il faut produire à tout prix, malgré les charges de travail, malgré les postes non remplacés, malgré les erreurs de paie, malgré le mépris et l’absence de reconnaissance de la direction. 

Les critères proposés par la direction continuent à être complètement inégalitaires : le critère principal, c’est le salaire de base. Donc, plus ton salaire de base est haut, plus tu toucheras d’intéressement. En conclusion, ce sont donc les moins productifs, notamment les hauts cadres, qui gagneront le plus !

L’intéressement c’est de l’auto exploitation des salariés au-delà même de l’entreprise

Les sommes versées au titre de l’intéressement ne sont pas soumises aux cotisations sociales de la sécurité sociale. Plus d’intéressement c’est moins d’argent pour les services publics comme le personnel hospitalier ou l’éducation nationale.

Les propositions de la CGT

Nous sommes interpelés par plusieurs collègues. « Avec un peu de bol, nous aurons quelques centaines d’euros, c’est toujours ça de pris ! » nous disent-ils. Mais les principes au cœur de ces accords d’intéressement sont contraires aux principes que nous défendons : nous défendons l’intérêt collectif. Nous défendons le droit de travailler dans de bonnes conditions, d’avoir des charges de travail correctes, d’avoir des salaires corrects… 

Oui, ce que nous proposons est plus difficile, surtout en ce moment : nous organiser et nous mobiliser pour imposer à la direction une vraie reconnaissance de notre travail. Nous voulons :
-    Une véritable augmentation générale, avec un talon de 150 € pour tous ;
-    Une prime de vacances de 400 € ;
-    La limitation du nombre d’appareils sur chaque tournée avec un maximum de 120 machines ;
-    La fin du flicage informatique qui va encore aggraver nos conditions de travail ;
-    Des embauches pour en finir avec le turn-over sur les postes de sédentaires.

L’intéressement, c’est une carotte ! Nous ne sommes pas des lapins !
Arrêtons de courir, organisons-nous avec la CGT !